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CHAPITRE I
LA FRANCOPHONIE ET SA PLACE DANS LE MONDE
1.1 La francophonie : Qu’est-ce que c’est ?
La francophonie est un mot qui a été créé à la fin du XIXe siècle par le géographe Onésime Reclus. C’est un mot qu’il a utilisé pour désigner l’ensemble des locuteurs qui utilisent le français comme langue maternelle ou langue seconde.
La francophonie désigne particulièrement ceux qui parlent français, en dehors d’une notion géopolitique. Elle désigne l’ensemble du monde francophone, c'est-à-dire les différents pays et régions où le français est langue maternelle ou seconde. Autrement dit, le terme de la francophonie désigne l’ensemble des gouvernements, pays où instances officielles qui ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges. La francophonie est associée à l’Organisation Internationale de la Francophonie.
1.1.1 L’Organisation Internationale de la Francophonie
L’organisation Internationale de la Francophonie (OIF) rassemble les gouvernements des pays ayant le français en partage. La première conférence inter-gouvernementale a eu lieu à Niamey au Niger en 1969. La première institution est l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) créée en 1970, et devenue en 1995, l’Agence Inter-gouvernementale de la Francophonie (AIF). En 1986, il s’est tenu un sommet des chefs d’Etats et de gouvernements francophones.
Au milieu des années 1990, un tournant politique donne une nouvelle dimension à la francophonie qui était jusque-là essentiellement consacrée à la coopération culturelle et économique. Après le sommet de Cotonou en 1995, deux ans plus tard au sommet d’Hanoï aboutit une nouvelle reforme. Elle consistait à l’adoption d’une nouvelle charte de la francophonie et le premier secrétaire général de la francophonie était Boutros Boutros Ghali par nomination.
Une nouvelle réforme est intervenue en 2005. La conférence ministérielle qui s’est réunie à Tananarive en Madagascar adopte le 23 novembre une nouvelle charte de la francophonie. Dans un souci de simplification du système institutionnel, l’Agence gouvernementale constitue désormais l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), sous l’autorité du secrétaire général de la francophonie.
1.1.2 Les objectifs de la francophonie
La francophonie en tant qu’organisation se veut maintenir les liens qui ont été créés entre ses membres par le partage de la langue française et des valeurs universelles, et souhaitant les utiliser au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du développement durable. Pour arriver à ses fins, elle s’est donnée des objectifs d’aider :
- à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits et au soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’homme.
- à l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations, au rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle.
- au renforcement de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l’essor de leurs économies.
- à la promotion de l’éducation et de la formation.
La francophonie respecte la souveraineté des Etats, leurs langues et leurs cultures. Elle observe la plus stricte neutralité dans les questions de politique intérieure.
Les institutions de la présente charte concourent pour ce qui les concerne à la réalisation de ces objectifs et au respect de ces principes.
1.1.3 Les institutions et opérateurs de la francophonie
En tant qu’organisation bien structurée, la francophonie a des institutions qui lui permettent de très bien fonctionner. Ces institutions sont :
a. Les instances de la francophonie
- La conférence des chefs d’Etats et de gouvernements des pays ayant le français en partage qui a été appelée après le sommet.
- La conférence ministérielle de la francophonie appelée conférence ministérielle. La conférence ministérielle se compose de tous les membres du sommet. Chaque membre est représenté par le ministre des Affaires étrangères ou le ministre chargé de la francophonie ou son délégué. La conférence ministérielle est présidée par le ministre des Affaires étrangères ou le ministre chargé de la francophonie du pays hôte du sommet un an avant et un an après celui-ci. Elle se prononce sur les grands axes de l’action multilatérale de la francophonie. Elle prépare le sommet. Elle veille à l’exécution des décisions arrêtées par le sommet et prend toutes initiatives à cet effet. Elle adopte le budget et les rapports financiers de l’OIF ainsi que la répartition du fond multilatéral unique. La conférence ministérielle fixe les barèmes des contributions statutaires à l’OIF. Elle recommande au sommet l’admission de nouveaux membres associés ou observateurs, ainsi que la nature de leurs droits et obligations.
- Le conseil permanent de la francophonie appelé Conseil permanent. Il est chargé de la préparation et du suivi du sommet, sous l’autorité de la conférence ministérielle. Le conseil permanent est composé des représentants personnels dûment accrédités par les chefs d’Etats ou de gouvernements membres du sommet. Il est présidé par le secrétaire général de la francophonie. Il se prononce sur ses propositions et le soutient dans l’exercice de ses fonctions.
b. Le secrétaire général de la francophonie
Le secrétaire général de la francophonie préside le conseil de coopération. Il est représenté dans les instances des opérateurs. Il dirige l’organisation internationale de la francophonie.
Le secrétaire général est élu pour quatre ans par les chefs d’Etats et de gouvernements. Son mandat peut être renouvelé. Il est placé sous l’autorité des instances.
Le statut du secrétaire général a un caractère international. Le secrétaire général ne demande ni ne reçoit d’instructions ou d’émoluments d’aucun gouvernement ni d’aucune autorité extérieure. Il est responsable au secrétariat de toutes les instances de la francophonie, aux sessions desquelles il assiste. Il préside le conseil permanent dont il prépare l’ordre du jour. Il ne prend pas part au vote. Il veille à la mise en œuvre des mesures adoptées, dont il rend compte.
Le secrétaire général est le représentant de l’OIF. A ce titre, il engage l’organisation et signe les accords internationaux. Il peut déléguer ses pouvoirs. Il rend compte au sommet de l’exécution de son mandat. Il est chargé de l’organisation et du suivi des conférences ministérielles sectorielles décidées pour le sommet.
c. L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)
L’Agence de coopération culturelle et technique créée par la convention de Niamey du 20 mars 1970 et devenue l’Agence de la francophonie prend l’appellation “ Organisation Internationale de la Francophonie”. L’Organisation Internationale de la Francophonie est une personne morale de droit international public et possède la personnalité juridique.
L’OIF peut contracter, acquérir, aliéner tous biens mobiliers et immobiliers, rester en justice ainsi que recevoir des dons, legs et subventions des gouvernements, des institutions publiques ou privées ou des particuliers.
Elle est le siège juridique et administratif des attributions du secrétaire général. L’OIF remplit toutes tâches d’étude, d’information, de coordination et d’action. Elle est habileté à faire tout acte nécessaire à la poursuite de ses objectifs. Elle collabore avec les diverses organisations internationales et régionales sur la base des principes et des formes de coopération multilatérale reconnus.
Le siège de l’Organisation Internationale de la Francophonie est fixé à Paris.
d. L’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) qui est l’Assemblée consultative de la francophonie.
e. Les opérateurs directs et reconnus du sommet qui concourent, dans les domaines de leurs compétences, aux objectifs de la francophonie tels que définis dans la présente charte. Ces opérateurs directs sont :
- l’Agence universitaire de la francophonie (AUF)
- TV5, la télévision internationale de la francophonie
- L’Université Senghor d’Alexandrie.
- L’Association Internationale des maires et responsables des capitales et des métropoles partiellement ou entièrement francophones (AIMF)
1.2 La francophonie en Amérique
La francophonie étant devenue une organisation internationale, plusieurs Etats américains ont adhéré à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Parmi ces Etats, nous avons le Canada, le Québec, le Nouveau-Brunswick, l’Haïti, la Dominique, la Sainte Martinique, la Guadeloupe et Saint-Pierre et Miquelon par l’intermédiaire de la France. Aux Etats-Unis, la Louisiane, le Connecticut, le Maime, le Massachussetts, le New Hampshire, le Rhode Island et le Vermont sont invités en tant qu’observateurs au sommet de la francophonie.
1.2.1 L’Amérique du Nord
Le Canada compte 31,9 millions d’habitants dont 7,2 millions au Québec et deux langues officielles qui sont l’anglais et le français. Le gouvernement fédéral est soumis à un strict bilinguisme. En dehors du Québec et du Nouveau Brunswick, les francophones qui sont environ un million sont dispersés dans tout le pays et vivent donc en milieu minoritaire. La communauté francophone la plus nombreuse est celle de l’Ontario, en particulier dans la région d’Ottawa. Mais, en dépit des efforts souvent fournis par les gouvernements provinciaux du Canada anglais, l’usage du français en milieu minoritaire est un combat de tous les jours.
Au Québec, la seule langue officielle est le français. C’est l’unique territoire continental nord-américain où l’on peut vivre en français comme en France. Le français est la langue d’usage dans toutes les sphères de la vie courante. Il est protégé depuis 1977 par la Charte de la langue française et l’Office de la langue française. Le Québec est souvent vu comme le garant de toute la francophonie nord-américaine. Il est l’expression politique du Canada français, ainsi que le foyer et le point d’appui de tous les francophones nord-américaines.
Le Nouveau Brunswick est peuplé de 750 000 habitants et est la seule province canadienne officiellement bilingue. Les francophones qui représentent environ le tiers des habitants se concentrent dans la partie nord de la province, à la frontière avec le Québec. Il a accueilli un sommet de la francophonie en 1999.
Aux Etats-Unis, le français est parlé dans plusieurs endroits du pays. D’après une investigation de 115 Census Bureau, un américain sur sept ne parle pas anglais chez lui. Il y a 13 millions d’américains qui sont d’origine française et 1,6 million parle le français à la maison. Le Maime, le Vermont et le New Hampshire comptent une proportion non négligeable de francophones.
En Louisiane, le français s’est maintenu pendant tout le XIXe siècle, puis a décliné rapidement. En 1920, l’Etat décide même de l’interdire. Puis la langue française est réintroduite à partir du début des années 1960, en particulier grâce au Conseil pour le développement du français en Louisiane qui sont pour la plupart des Cajuns descendants des Acadiens déportés d’Acadie par les Anglais en 1975.
1.2.2 Antilles et Amérique du sud
Les pays antillais comme la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane française constituent depuis 1946 des Départements d’Outre-mer (DOM) français. Comme dans le reste de la République, le français est la langue officielle.
En Haïti, on compte 7,1 millions d’habitants. Les deux langues officielles de ce pays sont le français et le créole haïtien. Dans ce pays, il y a un faible taux d’alphabétisation.
La Dominique et Sainte-Lucie ont été à tour de rôle sous souveraineté française puis britannique. L’anglais y est la langue officielle mais le créole à base lexicale française est la langue d’usage par la population de ces îles aux sommets de la francophonie.
1.3 La francophonie en Europe
En Europe, nous avons l’Union Européenne au sein de laquelle nous nous retrouvons avec des pays anglophones, lusophones et francophones. Cette diversité linguistique a fait reculer le français au profit de l’anglais au sein de l’Union Européenne.
Depuis 2002, l’OIF a fait de l’usage du français dans l’Union Européenne un de ses champs d’activités prioritaires et lui a consacré une de ses principales lignes budgétaires, qui dépasse à présent les trois millions d’euros. De plus, il propose principalement aux diplomates des formations à la langue française et en particulier aux nouveaux pays membres de l’union ou candidats à l’adhésion, ainsi qu’aux personnels des institutions européennes, aux interprètes et aux traducteurs de français, aux journalistes et aux juristes.
Pour donner les cours de français, l’OIF fait appel aux Alliances françaises et aux instituts français, d’où l’importance du partenariat avec la France, la Belgique et le Luxembourg qui mettent à sa disposition un certain nombre de services, de moyens et relais d’influence. L’OIF aide également à la préparation de concours européens et organise des séminaires permettant des échanges d’expériences sur les affaires européennes.
La francophonie joue un rôle important en Europe en matière de protection de la culture. Comme preuve, l’Europe et la francophonie se sont mobilisées dans le combat pour l’adoption, de la convention de l’UNESCO pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et se définissent dès l’origine comme des laboratoires de la diversité culturelle.
1.4 La francophonie en Afrique
L’Afrique francophonie désigne tous les Etats d’Afrique ayant la langue française en partage. Autrement dit, ce sont les anciennes colonies françaises qui constituent la francophonie en Afrique. Le français est arrivé en Afrique avec la colonisation de la France et de la Belgique. Ainsi, l’Afrique est le continent avec le plus de locuteurs français dans le monde.
En Afrique, le français est surtout une langue seconde mais dans certains pays, il est devenu la première langue comme dans la région d’Abidjan en Côte d’Ivoire, au Bénin, etc.
Dans chacun des pays francophones d’Afrique, le français est parlé avec des spécificités locales en termes de prononciation et de vocabulaire. Par exemple, au Bénin, la prononciation des mots est différente de celle de la Côte d’Ivoire c'est-à-dire qu’ils n’ont pas le même accent.
De plus, en Côte d’Ivoire, nous avons ce qu’on appelle le ‘NOUCHI’ c'est-à-dire le pidgin français. Pour quelqu’un qui n’a pas vécu en Côte d’Ivoire, même s’il est francophone, il aura du mal à saisir le message.
Quelques Etats africains où le français est langue officielle : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Guinée Equatoriale, Madagascar, Mali, Niger, République Centrafricaine, RD Congo, République du Congo, Sénégal, Seychelles, Tchad, Togo, Rwanda. Quelques Etats africains où le français est langue administrative : l’Algérie, le Maroc, l’Île Maurice, la Mauritanie et la Tunisie.
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